En relançant son label « Young Animals » en 2019, DC Comics a ouvert la voie à un ovni scénaristique qui s’avère être une réussite totale : Jo Mullein. Seulement présente dans la série « Far Sector », la nouvelle Green Lantern est un personnage d’une rare profondeur qui mérite désormais de se frayer un chemin jusqu’à l’univers canon de DC Comics.
Avec Gerard Way à sa tête, créateur de The Umbrella Academy, le label expérimental « Young Animals » de DC a trouvé un second souffle l’année dernière, avec trois séries : Doom Patrol, Collapser et Far Sector. Si les deux premières sont de bonne facture, c’est la troisième qui sort incontestablement du lot, avec l’introduction d’une nouvelle Green Lantern : Jo Mullein. Et lorsqu’on se penche sur les protagonistes du projet, on comprend vite pourquoi la série se hisse à un très haut niveau.
En effet, Gerard Way a confié les clés de l’histoire à l’autrice Nora K. Jemisin, multi-lauréate des prix Hugo et Locus pour la trilogie de la Terre Fracturée. Un curriculum impressionnant, en dehors du circuit habituel des auteurs de comics.
Pourquoi Far Sector est une série brillante et Jo Mullein un personnage unique ?
Qu’est-ce qui fait un Green Lantern ? La définition admise au fil des décennies est que les Green Lanterns sont choisies pour leur capacité à surmonter et vaincre la peur. Si cette définition vaut encore en 2024, son sens a quelque peu évolué. La volonté est la base-même du mythe des Green Lanterns et se manifeste différemment à travers les Lanterns humaines que nous avons pu voir à travers les années.
La volonté de Hal Jordan, par exemple, est ainsi l’expression de la liberté : une façon de surmonter la peur et prendre le contrôle de sa vie comme il l’entend. Celle de Kyle Rayner est une expression artistique – celle de pouvoir créer à partir de rien, de façonner l’univers et lui-même en fonction de ce qu’il veut être, et quand il le veut.
Jessica Cruz utilise sa volonté pour surmonter l’anxiété et la dépression, de faire face au monde alors même que son corps et son esprit souhaiteraient la voir plier. Des implications profondes pour chacun de ces personnages, pour lesquels il aura fallu des années de développement pour aboutir à une verbalisation pertinente de leurs combats. Ce qui a entraîné de nombreuses spéculations de la part des fans de DC Comics, qui se demandaient s’il était bien nécessaire pour DC d’introduire de nouveaux Green Lantern.

Mais Far Sector change la donne.
Sous la plume de Jemisin, Far Sector se distingue des histoires classiques de super-héros en évitant les pièges de l’origin-story habituelle. Avec les Green Lanterns, par six fois nous avons déjà assisté au sempiternel processus : « [Insérer nom du nouveau personnage], tu as la capacité de surmonter la peur. Bienvenue dans les Green Lantern Corps ».
Far Sector s’affranchit de ce segment, nous présentant Jo Mullein en Green Lantern accomplie, nous permettant – en tant que lecteurs – de faire connaissance avec la personnalité de Jo sans être influencés par l’anneau.
Des thèmes nouveaux, en résonance avec le monde actuel
Si Gerard Way explique que Far Sector « explore le thème de l’autorité d’une façon nouvelle », les caractéristiques et la personnalité de Jo Mullein la rendent incroyablement contemporaine. Avec un faible nombre d’apparences au compteur, le personnage présente néanmoins une grande profondeur, accentuée par son expérience personnelle et sa confrontation aux conséquences de l’inaction.
Forte face à l’oppression, confiante en ses capacités, vulnérable, émotive et impulsive quand c’est nécessaire : Jo Mullein est un personnage à la fois complexe et accessible, dont les combats résonnent avec nos problématiques contemporaines.
Un personnage comme on en croise rarement par décennie, qui mérite d’intégrer au plus vite l’univers canon de DC Comics.
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