James Gunn promet d’aborder l’épineuse question des lunettes de Clark Kent dans Superman. Depuis plus de 80 ans, les comics multiplient les tentatives pour expliquer comment une simple paire de lunettes peut dissimuler l’identité du plus iconique des super-héros. Hypnose, posture, matériaux kryptoniens… tour d’horizon des théories les plus créatives.
L’influence de Harold Lloyd : le début d’une illusion
Dès la première histoire de Superman, l’astuce des lunettes est déjà liée à un changement de comportement. Clark Kent se transforme en un journaliste maladroit, pleutre, presque comique. Ses lunettes épaisses, inspirées de l’acteur Harold Lloyd, renforcent l’effet. La combinaison fonctionne car Clark joue un rôle à part entière, très différent du héros sûr de lui qu’il devient en enfilant la cape.
L’époque Silver Age : carton-pâte et 3D
Les comics des années 60-70 flirtent souvent avec l’absurde. En 1975, dans Superman #291, le héros utilise une découpe en carton de Clark Kent pour prouver qu’il n’est pas lui-même. Le stratagème fonctionne car le public présent porte des lunettes 3D. Un exemple parmi tant d’autres d’histoires qui privilégient le gag plutôt que la logique.
L’hypnose kryptonienne : quand les lunettes font tout
En 1978, Superman #330 propose une explication plus farfelue encore. Les lunettes de Clark seraient fabriquées à partir de verres kryptoniens provenant de sa capsule. Ces verres auraient la capacité d’hypnotiser les gens à son insu, altérant leur perception. Bien que non canon aujourd’hui, cette idée reflète l’envie récurrente des auteurs de donner une justification à ce déguisement minimaliste.
Le verre de la capsule : un souvenir qui cache bien son jeu
Action Comics #555 (1984) imagine une autre variante : les lunettes sont faites avec le hublot de la capsule de Kal-El. Le matériau est incassable et sert plus tard à s’échapper d’une prison. Une astuce qui combine logique narrative et valeur sentimentale. Gunn pourrait bien s’en inspirer dans sa vision moderne du héros.
Posture, ton et look : quand tout le corps ment
En 1986, John Byrne repense Clark Kent dans The Man of Steel. Il mise moins sur l’objet que sur la posture. Clark porte des vêtements trop grands, parle plus aigu, se voûte. Une scène culte du film de 1978 avec Christopher Reeve illustre parfaitement ce concept. Quand Clark enlève ses lunettes et se redresse, il devient Superman devant nos yeux. Le simple changement physique suffit.
Des lunettes pour contenir le pouvoir
Dans Secret Origin (2009), Geoff Johns imagine que les lunettes de Clark sont faites de cristaux kryptoniens. Elles servent dès l’enfance à contenir ses rayons lasers involontaires. L’accessoire devient alors un élément protecteur plus qu’un camouflage. Cette idée donne du sens à l’objet, tout en le liant à l’histoire intime du héros.
Une question de vulnérabilité assumée
Plus récemment, Mysteries of Love in Space (2019) et Action Comics #1052(2023) offrent une lecture symbolique. Les lunettes ne masquent pas. Elles humanisent. Elles expriment la volonté de Superman d’être vulnérable, de vivre à hauteur d’homme. Elles sont son masque, au même titre que celui de Green Arrow ou de Batman.
Un choix narratif qui défie la logique, pas la magie
En réalité, toutes ces explications relèvent plus du clin d’œil que de la cohérence stricte. Comme le disait Grant Morrison :
C’est une histoire inventée. Personne ne se demande qui gonfle les pneus de la Batmobile.
Grant Morrison
Les lunettes de Clark Kent fonctionnent parce que la magie des comics nous invite à y croire.
James Gunn devra donc choisir entre hommage absurde, explication technologique ou métaphore intime. Mais une chose est certaine : même avec des verres simples, Clark Kent restera toujours un héros à double fond.
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